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07/06/2010

Exigeons la retraite à 60 ans

On connaît statistiquement le différentiel d'espérance de vie entre les ouvriers et les cadres : sept ans ! Une terrible inégalité devant la mort elle-même.

On connaît moins cet autre chiffre : en l'état actuel des choses, la probabilité pour les ouvriers de mourir avant 65 ans est de 26%. Quel cynisme de la part de celles et ceux qui osent évoquer une espérance de vie portée à cent ans !

On nous serine en permanence le refrain des pays d'Europe voisins, où la retraite est repassée à 65, voire 67 ans. Eh bien à 65 ans, avant d'atteindre la retraite, si elle était reportée jusque-là dans notre pays, un million et demi d'ouvriers seraient déjà morts. Ils ne connaîtront jamais une vie sans travail. La solidarité a laquelle ils auront contribué pendant toute une vie de labeur ne leur servira à rien. Ils auront payé pour les autres, il n'y aura rien à leur payer.

Il en est de même pour les employé(e)s. Au total, ce sont les hommes et les femmes qui travaillent sur les chaînes de l'automobile, de l'alimentaire, des biens d'équipement, sur les chantiers, dans les services, celles et ceux qui, quoi qu'on en dise, forment le socle de la croissance et de la création de richesses, qui rapportent le plus et coûtent le moins, aussi bien en termes de formation initiale qu'en termes de vie de repos après des années de travail.

On comprend que le Medef et le gouvernement restent fort discrets sur cette formidable injustice et lancent, contre toute démarche scientifique appuyée sur les statistiques de l'espérance de vie, l'escroquerie intellectuelle et le scandale éthique de l'individualisation du départ pour les travaux pénibles.

On comprend que le Medef, alors que les négociations sur cette question ont commencé en 2007 avec les syndicats, ait systématiquement joué la montre. Il s'agissait pour lui d'attendre que le pouvoir politique court-circuite ces négociations en répondant, sans le dire bien sûr, à ses souhaits.

Le silence sur les données statistiques n'est pas seulement un déni, c'est une stratégie antisociale. Car il s'agit bien de faire d'une grande question qui concerne l'ensemble de la vie en société et la vie du pays une question qui ne concernerait que les seuls individus. C'est dans le droit fil de tout l'arsenal mis en œuvre par le gouvernement pour réduire la conscience sociale, briser les acquis collectifs et faire des citoyens des variables d'ajustement du marché.

C'est aussi une entreprise majeure de contournement des syndicats et de l'action syndicale en faisant du départ en retraite une affaire médicale, avec toutes les dérives et les entreprises de culpabilisation que cela suppose. Suis-je assez malade, Docteur, pour avoir le droit de mourir chez moi et non sur la chaîne ? Disons-le, c'est ignoble. Un gouvernement de la République digne de ce nom devrait prendre à bras-le-corps l'injustice sociale. Le départ avancé pour les travaux pénibles n'est pas une question de compassion, c'est une lutte majeure contre l'inégalité au travail, face à la maladie et face à la mort.

Ce n'est pas exagéré de le dire. Le projet gouvernemental de réforme de nos retraites est une conspiration contre les salariés les plus modestes, les moins payés, les plus fatigués.

J'en appelle à la mobilisation de toute la gauche et au-delà pour combattre ce projet.

En ce sens, je me félicite de l'initiative prise par le collectif retraites de Martigues, qui met à disposition des bus afin que chacune et chacun puisse participer au grand meeting unitaire, ce soir, lundi 7 juin, à 19 heures, aux Docks des Sud à Marseille.

27/04/2010

Pour une retraite équitable et choisie

logo1.pngLe conseil d'orientation des retraites a dévoilé ses prévisions à l'horizon 2050. Des chiffres reposant sur divers scénarios circulent avec un même point commun : les déficits seront gigantesques.
Il s'agit de frapper l'opinion publique à coups de centaines de milliards d'euros en répétant à satiété que le plus dur est à venir !

Toute cette communication est une vaste opération de conditionnement pour amener les Françaises et les Français à envisager avec résignation l'autofinancement de leurs retraites, au moyen de complémentaires individuelles.

Pour les assureurs privés, cette réforme s'annonce déjà comme un futur Eldorado !

Pour celles et ceux qui vivent de leur travail, et tout particulièrement ceux qui entrent tôt dans la vie active et qui occupent souvent les emplois les plus pénibles, le report de l'âge du départ à la retraite est tout simplement injuste donc totalement inacceptable.

Le système de retraites par répartition est le fruit de notre histoire, d'une France qui a su se développer dans la fraternité, dans la solidarité entre jeunes et personnes âgées, entre travailleurs et privés d'emplois, entre hommes et femmes, dans le respect des idéaux laïques et de justice sociale.

Le gouvernement, en nous abreuvant de prévisions alarmistes, nous explique avec la complicité du MEDEF qu'il est urgent d'arrêter de réfléchir et qu'il faut de toute urgence en finir avec la retraite à 60 ans. Les Français ne sont pas dupes de cette manipulation. L'urgence est de trouver de nouvelles formes de financement.

80% des dépenses de l'assurance vieillesse sont liées au travail et doivent en toute logique être financées par les cotisations, mais 20% sont des dépenses de solidarité (minimum contributif, avantages conjugaux et familiaux...). Ces dépenses doivent être prises en compte par la solidarité nationale et financées par des ressources fiscales. Créons des emplois sécurisés pour les jeunes et les séniors, taxons les revenus financiers et abandonnons les exonérations de cotisations patronales.

C'est pourquoi j'en appelle à la mise en place d'un véritable débat public. Pour une réforme des retraites garante des fondements qui ont fait du système social à la Française un modèle de société fraternelle et solidaire.

Pour une retraite équitable et choisie, construisons ensemble un autre projet de réforme.

Pour faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites, signez et faites signer l'appel unitaire à l'adresse suivante :

http://blog.exigences-citoyennes-retraites.net/

 

Pour aller plus loin, consultez l'article « Retraites : l'autre scénario » par Jean-Marie Harribey (économiste, Attac) et Willy Pelletier (sociologue, Fondation Copernic)